Tuesday, June 16, 2009

Alice Springs- Townsville: En solitaire- 27/04/2009- 02/05/2009














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C'est un nouveau départ car je prévois de faire la route seul jusqu'à Townsville située sur la côte est australienne. Après 2 mois de voyage en commun, Delphine prend la direction du sud et de la ville d'Adélaïde pour retrouver ensuite une amie à Sydney et poursuivre le voyage avec elle. Je rencontre rapidement un couple de retraités australiens adorables qui, me font partager leur repas (le fait d'être seul inspire sans doute la confiance ou la compassion, qui sait?) et me recommandent la ville de Gemtree, une centaine de kilomètres au nord d'Alice Springs. Ils y prospectent régulièrement des grenats ou autres pierres semi-précieuses et l'endroit est très réputé pour les prospecteurs amateurs. Soleil écrasant, poussière rouge, mouches...autant de promesses pour passer une bonne journée. Lundi 27 avril, je me retrouve donc sur les routes torturées et en piteux état qui mènent à Gemtree et traversent, pour l'anecdote, le tropique du Capricorne. Là je loue le matériel qui consiste en 4 tamis, un gros seau, une pioche et une pelle, une boîte de conserve pour les trouvailles et un jerrican de réserve d'eau. Je passe la nuit dans le campement des prospecteurs, entre les feux de camps qui ne voilent en rien les milliards d'étoiles. Le lendemain matin, avec 6 autres personnes, un ranger nous conduit sur le site propice à la prospection, gigantesque au milieu d'un désert parsemé de broussailles désséchées. La méthode est simple et le sol riche. Les grenats sont très faciles à repérer car semblables aux rubis: leur couleur rouge est révélée par simple exposition au soleil. Il faut tout d'abord creuser le sol meuble, récupérer la terre, la tamiser une première fois, puis une seconde avec de l'eau . Ensuite le soleil fait apparaître le trésor sous la forme de pierres rouges étincelantes. Et à tous les coups l'on gagne!! A un tel point que je me sens gagné par la "fièvre de l'or" et creuse et tamise sans me soucier de la poussière, du soleil et des mouches. Cela dure 4 heures au bout desquelles un joailler expertise les pierres trouvées. Ils séparent les pierres inexploitables pour des bijoux de celles exploitables. En gros, j'ai une soixantaine de cailloux bons pour faire joli dans un aquarium et une quinzaine qui peuvent orner un bijou. Dans la quinzaine restante, l'expert met en place une classification en estimant la profondeur de chaque pierre sans défaut (tâches, fissures..). Plus celle-ci est importante, plus le bijou pourra être orné d'une grosse pierre. La chance est avec moi car je trouve la plus grosse ce jour-là: une pierre "7", c'est-à-dire 7 mm où la pierre est sans défaut et pure. Ce sera un super souvenir d'Australie, vieux de plusieurs millions d'année!! Je ne m'attarde pas trop à Gemtree et reprend la route pour passer la nuit sur une aire de repos avant que la nuit ne tombe (et elle tombe vers 18h désormais). Les jours suivants sont rythmés par les arrêts aux stations-services pour faire le plein et par le défilement d'un paysage de moins en moins désertiques. A Tennant Creek, je prends enfin la direction du Queensland et de la côte est en tournant à droite (aussi simplement que ça, car les routes sont vraiment droites sur des milliers de kilomètres ici). Les routes sont de nouveau désertes, les stations-services encore plus rares. Un panneau indique même 350 kms sans possibilité de refaire le plein et donc sans présence humaine. C'est très excitant! Jusqu'à ce que je franchisse la frontière de l'état du Queensland pour me retrouver dans le pays des cows-boys et des fermes aux étendues gigantesques, dépourvues de végétation plus haute que l'herbe la plus simple et où ces prairies d'un vert absolu rejoignent un ciel sans nuage pour former une ligne parfaite à l'horizon. C'est aussi la région des mines avec la ville de Mount Isa et de Cloncurry. Chaque ville offre un petit parfum de far-west avec ses vieux bâtiments, ses pubs ou saloons. On y vit moderne mais on n'oublie pas le passé. Jeudi, je quitte la route principale et prends la direction de Winton, ville dépositaire de l'hymne de coeur de tous les Australiens: "Waltzing Matilda". C'est une chanson qui retrace l'Australie de la fin du 19ème siècle, parcourue par des voyageurs en recherche de travail dans les fermes, avec pour seule richesse, leur sac à dos = Matilda. Traqués par les policiers qui leur reprochent leur rapines pour survivre, ils préfèrent abandonner leur vie plutôt que leur liberté comme dans la chanson. C'est une chanson très symbolique qui illustre les premiers temps difficiles des pionniers et surtout l'esprit d'accueil qui caractérise les Australiens, toujours prêts à aider les personnes ou voyageurs dans le besoin. C'est un peu le "credo" de chaque Australien. La ville en elle-même n'a rien de bien intéressant si ce n'est ses bâtiments historiques mais c'est une étape importante dans la compréhension du pays et des gens qui l'ont bâti. Je reprends la route dans la journée et passe la nuit à Prairie. Les routes sont dans un état ravagé par les dernières inondations. Nids de poules, bitume arraché agrémentent le parcours. Samedi est mon dernier jour de route jusqu'à Townsville. Je retrouve par hasard en chemin Thomas et Julie, 2 Français rencontrés à Katherine quelques semaines auparavant. Ils comptent aussi descendre la côte est australienne. On prend contact pour se rejoindre à Cairns. L'arrivée à Townsville surprend après autant de jours passés seuls. La ville semble gigantesque et se dresser comme une muraille. Trouver un camping est une vraie gageure et j'y découvre avec surprise que c'est le jour de mon anniversaire. Voilà ce que c'est de voyager sans calendrier. Mon cadeau sera finalement une bonne douche chaude après toutes celles prises avec un bidon d'eau le long de la route. Si on m'avait dit qu'un jour je me contenterai avec joie d'une bonne douche pour mon anniversaire, j'aurais été très sceptique!!
Voyager seul a été une expérience forte et je l'ai d'autant plus appréciée qu'elle a été courte. En effet, sur le long terme, on s'ennuie quand même beaucoup même si je n'ai jamais autant rencontré de personnes et pu discuter avec elles qu'en étant seul sur la route.

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